Crois ou meurs – Claude Quétel – épisode 1

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Claude Quétel est historien (spécialiste de psycho histoire) et directeur honoraire de recherche au CNRS. Dans cet ouvrage, publié en 2019, réédité en 2021, chez Tallandier (Texto), il nous livre les résultats d’une enquête approfondie sur la révolution française, pour en donner une histoire incorrecte (le livre est sous-titré : Histoire incorrecte de la révolution française !).  Des événements récents, comme par exemple le succès surprenant du film   « vaincre ou Mourir », coréalisé par Paul Mignot et Vincent Mottez (2023) sur la guerre de Vendée et le général vendéen François Athanase Charette de La Contrie (en dépit du faible empressement des cinémas pour le projeter), montre que nos concitoyens veulent maintenant connaître la vérité sur cette période et s’affranchir de la doxa ambiante, qui règne maintenant depuis plus de deux cent ans, et pas seulement en France. Je me souviens de la stupeur, voire du recul, d’amis russes, ayant étudié notre histoire sous le régime soviétique, à la lecture de la prise de la Bastille, racontée par un témoin direct, le Vicomte François René de Chateaubriand, dans ses mémoires d’outre tombe ! Ce livre, en plus d’un prix modique (11,50 Euros), est vraiment un témoin irremplaçable pour dénoncer les oublis (voire mensonges) de l’histoire officielle.    Son titre choc n’est pas une invention de l’auteur. « Crois ou meurs ! Voilà l’anathème que prononcent les esprits ardents au nom de la liberté ! » est une exclamation du journaliste Genevois de l’époque,  Jacques Mallet du Pan, qui vécut à Paris et fut chargé de la rubrique politique du journal Mercure de France.  Il fut même chargé d’une mission auprès des cours étrangères par Louis XVI, mais dut bientôt quitter la France, craignant pour sa sécurité.  Ce premier billet est consacré aux premières pages du livre (partie I, « Comment en est-on arrivés là ? »). 

Au départ, il y a bien sûr les « philosophes » et plus encore le « philosophisme ». Thomas More, Fénelon, Montesquieu (1721), la bataille de l’encyclopédie (1751)… Les idées progressent lentement mais sûrement en se radicalisant. Voltaire, dont on ne cite plus que les écrits les plus engagés disait toutefois que « tout homme a le droit au fond de son cœur de se croire égal aux autres hommes, mais que ceci n’implique pas que le cuisinier d’un cardinal puisse ordonner à son maître de lui faire à dîner » !  Même Jean-Jacques Rousseau, père de l’égalitarisme qualifie de chimérique une égalité absolue , « en se bornant à recommander une modération de puissance chez les riches et de convoitise chez les petits  » (p. 23). Ces idées se diffusent par les « salons » à partir de 1740, salons qui se radicalisent vers 1760. Il ne s’agit plus de réformer la tradition par l’inoculation de la raison mais de remplacer radicalement la première par la seconde. L’auteur souligne qu’on pourrait parler (comme de nos jours d’ailleurs) d’une « terreur de la pensée ».  Il faut déjà un « vrai courage » pour résister à la pensée unique ( l’avocat Palissot, le journaliste Fréron qui n’y survivra pas, etc.). Tout est prêt à exploser, comme le remarque Restif de la Bretonne en parlant du « peuple en émotion » : « Si une fois cette bête féroce croyait qu’elle peut oser, elle bouleverserait tout » (p32). A cela vient s’ajouter une société bloquée , notamment économiquement, car la France rate sa révolution industrielle et la production agricole reste faible. Les miséreux viennent mendier à Paris et les faubourgs regroupent tout un peuple disposé à la mutinerie. Enfin Claude Quétel reconnaît la responsabilité entière de Louis XVI, qualifiant son règne de calamiteux.    « C’est un roi faible, inapte à l’exercice du pouvoir, surtout en période de crise » (p.39).  Il s’essaie aux réformes avec Turgot (1774), qu’il désavoue deux ans plus tard, pour le remplacer par Necker, dont les emprunts vont mener le royaume à la faillite. Enfin, 15% dépenses du royaume sont les dépenses de la cour, et ceci est porté à la connaissance du public par le Compte rendu au Roi que Necker publie en 1781… Marie Antoinette réclame l’énorme somme de 800 000 livres pour doter une des filles de sa gouvernante, la duchesse de Polignac. Comble de l’ironie, le Roi projette la démolition de la Bastille en 1783, pour la remplacer par une place Louis XVI, ce qui n’aura pas lieu, par manque de crédit !

A suivre si vous le voulez bien !… (avec une majuscule sans accent, comme dans les premières éditions de la recherche de Marcel Proust).   En attendant pour se mettre dans l’ambiance, rien de tel qu’écouter un peu de musique. Voici un vinyle paru en 1964 :

La légèreté de cette musique contraste avec les orages qui s »amoncellent et rend bien compte de l’insouciance de la cour…
petit-trianon

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