Flaubert au féminin

Non, il ne s’agit pas de Madame Bovary, mais bien de Caroline Flaubert, la sœur de l’écrivain, dont on peut admirer le buste, par le sculpteur James Pradier, sur cette image. On est surpris de la finesse des traits de ce moulage, quand on songe à la mine de vieux gaulois moustachu de Gustave Flaubert. La genèse de ce buste nous est révélé par la lecture du premier tome (éditions de La Pléiade) de la correspondance de l’écrivain, dans sa lettre du 25 mars 1846 à son ami Maxime du Camp. Après avoir veillé la morte toute la nuit, Flaubert lui donne un dernier baiser dans son cercueil : Je me suis penché dessus, ai entré la tête et j’ai senti le plomb me plier sous les mains. C’est moi qui l’ai fait mouler. Le sculpteur James Pradier jouera par la suite un rôle important dans la vie de Flaubert puisque c »est dans son atelier qu’il rencontrera Louise Collet.

Cette photo provient de l’excellent site de l’université de Rouen https://flaubert.univ-rouen.fr/iconographie/caroline_soeur_pradier.php

C’est que le frère et la sœur ont partagé depuis leur enfance une proximité de tous les domaines, pensée, idées, physique même ( sans penser à mal, un peu comme les chiots d’une même portée). Ainsi dans sa lettre à Caro du 8 juin 43, il écrit : « Après avoir lu ta lettre, chère Caroline, j’ai senti mieux que jamais le besoin de t’embrasser et de t’embêter de mes tendresse exagérées… Adieu cher rat, milles baisers à tout le monde. Ton Boun. » Et encore, le 20 décembre de la même année : « A la fin de la semaine prochaine mon vieux rat, je suspendrai ma correspondance pour aller vous voir et t’embrasser un peu en te serrant le cou et et en disant : rat ! vieux rat ! J’en ai étranglé qui estoient plus gens de bien que toi… » Leur correspondance, quand ils sont séparés, traite des sujets les plus variés: artistiques (peinture,piano, concert), visites à la bonne société, etc.  Même après son médiocre mariage, Caroline, reste nostalgique de ces moments. Elle lui écrit à la fin juin 45 :  « Si tu penses à moi souvent, mon Gustave, je te rends bien la pareille, il n’y a guère de moments dans la journée où le canot, la gaffe, le petit sentier sombre, ne me trottent dans la tête… Adieu je t’embrasse bien fort et suis ta sœur, ton rat, Caroline Hamard ».

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